[tribune] Notre député écrit au préfet à propos de Cruis
Dans le sillage de qu’on appelle désormais « les événements de Cruis », notre député, M. Léo Walter, a tenu à exprimer son inquiétude auprès de la préfecture.
Nous reproduisons ici sa lettre, qu’il a lui-même diffusée.
M. Walter nous confirme que le Préfet lui a bien répondu mais sans prendre position, ce qui est dans l’ordre des choses.
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Objet : À l’attention de Monsieur le Préfet des Alpes-de-Haute-Provence et de Madame la Sous-Préfète de Forcalquier – Incidents survenus sur le chantier de défrichement de Cruis le jeudi 22 septembre 2022
Monsieur le Préfet,
Madame la sous-préfète,
J’avais échangé par téléphone avec Monsieur le Préfet, jeudi 22 septembre, à propos des incidents survenus sur le chantier de défrichement de 17 hectares de forêt au-dessus de Cruis.
J’ai depuis été interpellé par des membres des collectifs Amilure et Elzéard, mais aussi par des habitants de Cruis et des environs, sur le comportement des employés de la Société Forestière de la Durance (sous-traitant de l’entreprise Boralex) à l’égard des manifestants pacifiques présents ce jour-là.
Ceux-ci sont entrés sur le site pour en empêcher le défrichage, et se sont collés contre les troncs ou sont montés dans les arbres afin d’interrompre le travail des bûcherons, ce qui est une méthode courante des activistes de la désobéissance civile et écologique.
Comme le donnent à voir les images tournées par les manifestants et qu’ils ont portées à ma connaissance (https://www.youtube.com/watch?v=5jBL5j-YQr0&ab_channel=eliottschonfeld), les bûcherons n’ont pas suspendu leur travail alors que la sécurité n’en était plus assurée, mais se sont même volontairement attaqués aux arbres où se trouvaient les activistes, poussés en ce sens par leur chef de chantier. Une manifestante de 62 ans a été blessée en chutant avec l’arbre dans lequel elle se trouvait, abattu volontairement par l’un des bûcherons.
Les images montrent clairement que l’équipe de la Société Forestière de la Durance a eu ce jour-là un comportement inacceptable, mais surtout extrêmement dangereux, avec des bûcherons utilisant volontairement leurs tronçonneuses au contact immédiat des manifestants. De plus, selon les dires des collectifs présents, ni les agents de sécurité, ni les gendarmes ne sont intervenus.
Je sais que vous portez la plus grande attention, Monsieur le Préfet, Madame la Sous-Préfète, à cette situation. Je vous serais reconnaissant de me faire connaître les suites données à cette affaire, afin que je puisse en informer les personnes qui m’ont interpellé.
Un autre point a été porté à ma connaissance : il semblerait que l’entreprise Boralex n’a tenu aucun compte du recours en justice des associations, en cours au tribunal administratif. Ce recours, certes non suspensif, aurait dû de mon point de vue être étudié avant de débuter le défrichage. Il apparait, de plus, que l’entreprise n’a pas procédé à l’affichage de son permis dans le délai légal de 15 jours avant le début des travaux, ce qui a été constaté par huissier : selon les associations, cela aurait dû suspendre le chantier pour cette durée. Je vous serais également reconnaissant de me faire connaître votre position sur ce point.
Dans l’attente de votre retour, je vous prie d’agréer, Monsieur le Préfet, Madame la Sous-Préfète, l’expression de mes sentiments les meilleurs.
Léo WALTER, député des Alpes-de-Haute-Provence
Merci à Monsieur Walter,
même si on pouvait s’attendre à ce genre de non réponse de la part de la Préf’….
Merci à Léo Walter pour son soutien et son intervention auprès de la préfecture.
Merci à Cruis Citoyen pour la publication de cette lettre.
Les habitants s’interrogent aussi sur l’attitude de la mairie dans cette affaire.
À ma connaissance, le maire s’est exprimé lors du conseil municipal du 26 septembre et à une autre reprise interviewé par une journaliste. Il disait en substance : ce chantier ne me regarde pas, je n’en ai pas la responsabilité, c’est le projet de la société Boralex.
N’est-il pas à l’initiative du projet?
N’est-il pas concerné par ce qu’il s’est passé sur le chantier?
Un maire, en tant qu’agent exécutif de la commune, officier de police judiciaire, n’est-il pas chargé de maintenir l’ordre public, défini dans le code général des collectivités territoriales (CGCT) comme le bon ordre, la sûreté, la sécurité et la salubrité publiques?
Approuve-t-il la non-intervention des gendarmes?
Cautionne-t-il l’absence de sécurité des manifestants pacifiques face aux assauts des tronçonneuses de la société Forestière de la Durance, prestataire de Boralex?
Trouve-t-il cela correct de ne pas avoir affiché le permis dans le délai légal de 15 jours avant le début des travaux, de connivence avec la société Boralex?
Aucune communication sur ces évènements de la part de la mairie, ni à ses administrés, ni même à la personne blessée. Quel courage! Quel noble comportement!
Mais j’oubliais, le maire a publié sur le site de la commune 14 petits bouts de papier manuscrits signés par chaque conseiller pour dire avec la même phrase que chacun d’entre eux était 100% d’accord avec ce projet. Ces petits mots sans doute jugés par trop ridicules ont été retirés du site. C’était au cas où quelqu’un n’aurait pas compris qu’ils veulent ces panneaux et que peu importe les moyens pour arriver à ses fins.
Bon nombre d’articles et de vidéos publiés dans les médias font écho à ces évènements offrant ainsi une superbe publicité au village fleuri de caractère et une belle image de la mairie.
Je ne sais pas si une lettre peut arrêter la connerie humaine et le petit état d’esprit des bûcherons….tout cela est une honte !
Quelques fois, les mots ont plus de pouvoir que les actes. Les citoyens concernés par l’aberration écologique de ce chantier photovoltaïque (mais, si c’était le seul en France, et cela ne va pas s’arranger avec la nouvelle loi prévue pour donner libre cours à ces initiatives pseudo-écologiques… !) noterons en tout cas l’intervention de notre député pour obtenir des explications sur la forme. Les autres (citoyens) continuerons à ne rien faire, ou bien à croire tout ce qu’on leur raconte ici, ou là… Pour exemple, hier soir à la télévision : « Grande soirée de l’arbre »… quelle mascarade… ! Nous faire croire que de planter un arbre ou deux dans les terrains vagues des villes va changer les choses ! Il serait plus logique d’y installer des panneaux voltaïques et de laisser nos forêts tranquilles, non ?!