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[reportage] Chronique voltaïque : 2

[reportage] Chronique voltaïque : 2

Six semaines après notre première chronique sur ce thème, nous faisons un récapitulatif des événements sur le chantier Boralex de Cruis.

Comme chacun sait, l’opposition s’est maintenue tout en développant des techniques posant problème aux gendarmes (qui n’arrivaient pas à démanteler les blocages sans risquer de blesser les opposants). Des engins de taille importante ont été présentés qui ont été gênés pour leur livraison et leurs opérations.

Dans ce contexte, une militante a été soumise à une première garde à vue à la gendarmerie de Saint-Etienne-les-Orgues qui dura trois heures.

Parallèlement, l’Office français de la biodiversité (OFB) est intervenu pour empêcher l’opérateur de dégrader certains espaces hors périmètre projet, mais apparemment en refusant de constater les dégâts occasionnés par l’élargissement des pistes.

De hauts responsables de Boralex sont venus rencontrer les opposants – sans, évidemment, convaincre.

Le 5 septembre, actant la plainte de plusieurs associations et collectifs dont Elzéard, Boralex soumet un « porter-à-connaissance » via la DREAL, proposant sa propre contre-expertise environnementale ainsi que des mesures compensatoires en rapport. C’est ainsi que fonctionne notre droit de l’environnement : on peut détruire des espèces menacées à condition de promettre des travaux d’aménagement compensant les pertes – mesures dont chacun s’accorde à reconnaître qu’elles sont très peu contrôlées. Il suffit donc de pouvoir payer (ou tout au moins de montrer l’argent) pour obtenir le droit de détruire des animaux et des plantes qui vont bientôt disparaître de notre patrimoine naturel.

Cette démarche donne normalement lieu à une consultation publique, par le biais de commentaires en ligne – ici du 6 au 20 septembre. A l’issue de cette consultation, le préfet devait trancher en accordant, ou pas, une extension à la dérogation pour destruction d’espèces protégées du 17 janvier 2020. Dans la mesure où cette décision, même si elle laissait très peu de doutes, conditionnait la poursuite du chantier, Boralex aurait dû au moins attendre le feu vert officiel puisque la présence d’espèces non répertoriées dans l’étude d’impact initiale était reconnue.

Mais ce ne fut pas le cas. C’est finalement la persévérance des opposants, venant à bout de la patience des ouvriers et de la gendarmerie, qui incita l’opérateur à suspendre les travaux le 14 septembre.

Comme on s’y attendait, toutefois, le 29 septembre le préfet confirma que cette consultation publique était une mascarade en accordant son feu vert sans même acter les nombreuses réactions défavorables. On note au passage l’incohérence de cette procédure : c’est la préfecture, forcément incompétente en matière de biodiversité, qui tranche entre les études contradictoires des parties, plutôt que de faire intervenir les ressources de l’Etat (par exemple la DREAL) sur le terrain afin d’établir la vérité.

C’est donc sans surprise qu’on a pu lire le 2 octobre l’annonce de la reprise du chantier par Boralex. Des dispositions stratégiques avaient été prises pour contrer fermement l’opposition et l’on put voir dès le 2 octobre une quarantaine de gendarmes accompagner la livraison des engins lourds, dans un affrontement physique vigoureux avec les militants. Le 5 octobre, deux opposantes furent interpellées menottes aux poignets puis placées 28 heures en garde à vue, à Forcalquier puis à Digne. Elles devront comparaître en novembre, et se défendre des réclamations financières de Boralex à leur égard.

Aujourd’hui, le mot d’ordre des opposants est de maintenir leur présence mais sans aller au contact ni à l’obstruction. Le chantier avance apparemment rapidement, avec un niveau sonore 10 fois supérieur à celui auquel l’opérateur s’engageait dans son permis de construire. En s’y promenant aux abords, on découvre un spectacle navrant :

« Zone de protection », « espèces protégées »… sur cette image de désolation : cherchez l’erreur. Qu’est-ce qu’on protège ? La caillasse ? Les cadavres de cèdre ? Les pelles mécaniques ? La race des opérateurs, elle, ne semble pas menacée.

En attendant, riche de sa dotation industrielle la mairie de Cruis se paye un pamphlet de 36 pages en couleurs (fautes d’orthographe comprises) qu’elle envoie par courrier postal à tous ses sujets (ainsi qu’à quelques voisins) pour justifier (à nouveau) le projet, à coup d’informations contradictoires et fallacieuses – comme d’habitude…

Pourquoi on n’arrête pas de m’embêter ?

Tout le monde le dit : j’ai tout fait pour la forêt. J’ai fait faire des pistes (pour sortir le bois), j’étais là quand on prenait la photo des jas en chantier, j’ai fait mettre des panneaux pour réserver le massif aux ayants droit (mais c’est qui, les ayants droit, déjà ?)… Je n’ai pas arrêté de planter : j’aime les arbres, j’aime la montagne ! Alors pourquoi me reproche-t-on d’en raser quelques misérables hectares pour remplumer les finances de la commune – qui sont pourtant saines et bien portantes, n’allez pas croire le contraire ! La preuve : nous n’allons pas augmenter la taxe foncière (c’est l’Etat qui s’en charge).

Et d’ailleurs : quels arbres ? Quelle forêt ? Chacun pouvait constater, avant le défrichement qu’il n’y en avait pratiquement pas, ni sur la zone est :

…ni sur la zone ouest :

On le voit bien – les forestiers qui sont venus défricher n’avaient rien à faire :

…et à la sortie il y avait très peu de bois :

D’ailleurs il suffit de compter : 900 arbres (et arbustes) de 12 cm de diamètre (maximum) pour 400 m3 de bois… Bon, disons qu’il n’y avait que des arbres, sans arbustes, tous de 12 cm de la souche à la cime (des poteaux, quoi), ça nous fait des arbres de… 40 m de haut. Hum… il manque peut-être un zéro : disons 9 000 arbres, avec un diamètre moyen de 12/2 = 6 cm, les arbres auraient quand même fait 15 m, alors qu’ils n’en faisaient pas plus de  6 ou 7. Donc plus de 20 000 arbres ? Mince, ça casse mon bilan de plantation (21 000). Doit y avoir une erreur…

En tout cas, à la fin tout était bien propre :

Sans aucune gêne pour les villageois.

Ah non, ça c’est vu de Montlaux – pas notre problème. Et quand ce sera couvert de panneaux ce sera très joli.

« Que de bruit pour un parc photovoltaïque de 17 hectares. » Effectivement ! Mais les riverains n’en ont que pour 6 à 8 mois à endurer ce chantier qui fait 65 décibels à 300 m (les promesses du permis de construire de respecter 30 décibels à 100 m n’étaient pas réalistes – on ne peut pas demander l’impossible).

Enfin, on m’a calculé que les recours nous ont fait perdre 1 000 000 €  de recettes. Je ne comprends pas bien comment on en arrive là vu que l’unique recours date de juillet 2020 et que Boralex, manifestement indifférent comme il se doit à ces tractations insensées, a débuté le chantier 5 mois avant le jugement soit 2 ans après le recours, en septembre 2022, date à laquelle la commune a commencé à toucher à raison de 180 000 €/an… Donc si c’était vraiment le recours qui les avait arrêtés, ce qui n’aurait aucun sens, le manque à gagner pour nous serait de 360 000 € – ou alors c’est 500 000 €/an qu’on touche ? On ne me dit jamais rien. Mais oublions que le permis date en fait de 2017 et retenons un million d’euros de préjudice dûs au seul recours – le chiffre est certainement bon, faites-moi confiance comme toujours.

Et ne lisez surtout pas tout ce que racontent les illuminés écolos contre notre démarche – ils n’ont forcément rien compris puisqu’ils s’y opposent.

 

 

 

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AMB
AMB
11 mois passé(e)(s)

▶️ Regarder ce reel
https://www.facebook.com/share/r/kMRtxrQA3R1SvMhG/

Actualités du 29/30 novembre. A noter la présence de Hugo Clément de France Télévisions

JBR
JBR
1 année passé(e)(s)

On peut être ou ne pas être pour cette installation photo voltaïque, ce n’est pas une raison pour dégrader les panneaux d’entrée de village de St ETIENNE !

AMB
AMB
Reply to  JBR
11 mois passé(e)(s)

Bonjour, est-ce si grave au vu de la dégradation de l’environnement et de la destruction des espèces animales ?

Richard
1 année passé(e)(s)

Sur la toile : le déboisement en Amazonie entraîne un réchauffement des surfaces terrestres jusqu’à 100 kilomètres de distance (entre 1,3°C et 4,4°C).

ça parait raisonnable de penser que le phénomène est tout aussi observable en zone tempérée, et mesurable pareillement quand il sera trop tard.

https://environment.leeds.ac.uk/news/article/5707/amazon-deforestation-linked-to-long-distance-climate-warming

Richard
1 année passé(e)(s)

Humour, hein.
Alors j’ai lu la plaquette de la municipalité sur la forêt communale. Et je me rend compte de mes erreurs. Ce manifeste sincère m’ouvre les yeux sur l’ambition solaire des conseils municipaux successifs.
Quoi, seulement 0,4% de la superficie de la commune ? Mais ce parc de 17ha est vraiment ridicule ! Pourquoi ne pas oser 5%, ce qui est encore très peu. Qu’est-ce que c’est 5%, ce n’est même pas la hausse des coûts à la consommation depuis 2ans, vous en serez d’accord. Soit 200ha.
Si je fais une règle de trois avec les chiffres fournis par les conseillers municipaux (pour mémoire 1 million d’euros sur 6ans pour 17ha), des parcs, pardon des champs c’est évocateur de campagne, de 200ha, fourniraient une recette de presque 2 millions d’euros … par an !
Waouh ! mais qu’est-ce qu’on attend pour produire plus d’énergie propre ?

IsaLabi
1 année passé(e)(s)

Merci pour cet article et aussi pour votre sens de l’humour. Mais même si l’humour sauve de bien des situations, ici cela ne suffira probablement pas.

Et pour répondre au commentaire de Jean-Maurice qui propose un âge maxi à ne pas dépasser pour le mandat de maire, je crois malheureusement que, comme le chante Brassens, « le temps ne fait rien à l’affaire, quand on est c**, on est c**. »

Hauts les cœurs!

Gardarem Lure!

jean-maurice bonnefond
jean-maurice bonnefond
1 année passé(e)(s)

Merci pour ce papier exhaustif sur les graves blessures infligées à notre Montagne Sacrée, celle des herboristes, de l’eau et même de quelques beaux chasseurs de mes amis. Suis absent de Cruis et environs jusqu’au 18 octobre.

Le modèle économique de Boralex/Eifage est parfaitement rodé.
Panneaux fabriqués en Chine grâce au charbon,, transportés par mer avec du fuel lourd, puis acheminé par route par des Poids-Lourds polonais payés par l’Europe, conduits par des chauffeurs russes sur un champ de ruine placé sous la surveillance de gardiens roumains ou portugais qui n’ont plus à bouffer auprès de leurs familles.

Ce n’est pas fini, avec des paquettes de com impeccables, Boralex/Eifage et leurs semblables jettent leur dévolu sur les territoires de ploucs abandonnés de la République et de ses services où même les Urgences ont trépassé. appuyés par une préfectorale inculte mettant à leur dispositions des forces de l’ordre que l’on croyait dévoyées uniquement dans les forces miliciennes en 49-3 que sont devenus Gardes Mobiles et Compagnies Républicaines de Sécurité. C’est la politique du fait accompli, celle du pot de fer contre le pot de terre.

Le « Must » c’est que Boralex/Eifage, déguisés en vert, organisent méthodiquement la chasse aux subventions environnementales européennes et nationales, redistribuées en dividendes à leurs actionnaires, d’Europe, des USA et du Canada. Ils embauchent à cette fin des jeunes aux dents longues demi-experts, demi-premiers de la classe qui ne rêvent que d’intégrer la Jet-Set et qui feraient bien, à minima, de comprendre ce qu’explique Jean-Marc Jancovici.

Détruire la vie de notre montagne sacrée, Lure, pour contribuer à couvrir les besoins en énergie, notamment des JO ? Une pure folie.

Aucune nouvelle exploitation d’énergie n’a diminué le recours aux précédentes. Jamais l’humanité n’a brûlé autant de charbon, de gaz et de pétrole que cette année, malgré le développement d’éolienne et de panneaux solaires.

Qui dira le coût énergétique du stockage de milliards de milliards de photos imbéciles dans des Data-Centers qu’il faut refroidir ?

Le crime organisé des voyages aériens de masse dont le trafic a quadruplé entre 2003 et 2019 et qui depuis le Covid est reparti en flèche qui va nous retomber sur la tronche, très vite.

Pourquoi, ici, en Provence n’avoir pas commencé par équiper les propriétés d’Etat que restent, au final, le canal de la Durance et ses rives et l’emprise de l’A51, dont les tracés sont déjà connectés ou aisément connectables à ERDF ?

Pourquoi l’Etat de Macron se fait-il dévorer tout crû par les multinationales ? Alors que le Président est passé nous parler de son plan eau à Serre-Ponçon sans évoquer le plan électricités renouvelables auquel il est couplé, forcément par le stockage électrique que permet le barrage par remontées d’eau.

Enfin, puisqu’il y a un âge minimum de 18 ans pour voter, je suggère un âge maximum pour le mandat de maire, évitant les risques de sénilité et surtout l’irresponsabilité de ses actes dans le temps.

Par exemple, en symétrie, espérance de vie moyenne – 18 ans, ce qui nous fait 85-18= 67 ans pour ne plus pouvoir être élu. Grosso modo l’âge de la retraite, non ? (PS, j’ai 71 ans et suis d’accord avec cette proposition).

Bon courage à tous. Le combat pour la survie ne fait que commencer. Il passe par la survie de notre montagne qui nous fournit l’eau au long cours.

« Notre héritage n’est précédé d’aucun testament » René Char

Pas le temps de me relire, pardon pour les coquilles, Jean-Mau.

AMB
AMB
Reply to  jean-maurice bonnefond
1 année passé(e)(s)

Pour instruire un peu les ignorants ( je ne parle pas de vous)

https://youtu.be/B-alYMeAgQ4?si=Al8NYxrEou11zok_