[éditorial] Tout n’est pas noir
Le vrai sujet de cet article devrait être : « On n’est peut-être pas aussi mal barrés qu’on le croit »… mais il serait trop long.
Comme il est déjà arrivé par le passé, Cruis citoyen choisit d’élargir nos horizons au-delà de notre petit village pour un commentaire qui nous touche tous. En cette fin d’une année marquée par tant de mauvaises nouvelles, il nous a semblé pertinent de traduire (pas tout à fait légalement, et avec l’aide de DeepL) cette lettre d’un journaliste américain. Nicholas Kristof est au New York Times depuis longtemps et, après une parenthèse politique, revient au Times avec son article annuel du 31 décembre sur ce dont on ne parle généralement pas : toutes les raisons que nous avons de nous réjouir.
Ceux qui pratiquent l’anglais peuvent accéder directement à la version du Times (où l’on peut créer un compte limité gratuit). Tous les liens de l’article, repris ici, mènent évidemment à des contenus en anglais.
L’équipe de Cruis citoyen vous souhaite une très bonne année à tous – et bon bout d’an !
(Le visuel d’en-tête est celui de l’article original.)
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Cheer Up! The World Is Better Off Than You Think. *
Fini le pessimisme et la morosité ! Notre planète est peut-être en meilleur état que vous ne le pensez.
Les êtres humains ont un penchant cognitif pour les mauvaises nouvelles (pour nous garder alertes et en vie), et nous, journalistes, reflétons cela : nous parlons des avions qui s’écrasent, pas de ceux qui atterrissent. Nous mettons en lumière les catastrophes, les revers, les menaces et les décès. 2022 nous a donc bien occupés.
Mais un flot constant de nouvelles désespérantes peut être paralysant. Voici donc mon effort pour remédier à notre appétit pour le pire. Jusqu’à la pandémie, j’écrivais chaque année une chronique soutenant que l’année précédente était la meilleure de l’histoire de l’humanité. Je ne peux pas le faire cette année. Mais je peux suggérer que, d’une manière générale, beaucoup de choses vont bien et que c’est peut-être encore le meilleur moment pour être en vie.
L’année 2022 a particulièrement brillé par ses avancées technologiques.
La capacité de production d’énergie solaire dans le monde est en passe de tripler au cours des cinq prochaines années et de dépasser le charbon comme première source d’énergie mondiale. Les améliorations techniques sont constantes – par exemple, les chercheurs du MIT ont mis au point un moyen de produire des panneaux solaires fins et flexibles qui peuvent transformer presque toutes les surfaces extérieures en source d’énergie.
Des percées parallèles sont réalisées dans le domaine des batteries. Les batteries, ennuyeuses ? Mais non ! Elles constituent l’une des frontières les plus passionnantes de la technologie, avec des avancées remarquables indispensables au stockage de l’énergie verte. De même, la fusion nucléaire en tant que source d’énergie a franchi une étape importante en 2022. L’hydrogène vert gagne également du terrain et pourrait être utile pour le transport maritime et le stockage de l’énergie.
Le résultat est que nous sommes au milieu d’une révolution des énergies renouvelables qui pourrait bientôt nous laisser dans une situation bien meilleure. Si tout va bien, nous pourrons profiter d’une énergie moins chère, plus fiable et plus portable que jamais. L’énergie réellement bon marché, qu’elle provienne du soleil ou de la fusion, pourrait être transformatrice : elle pourrait, par exemple, faire fonctionner des usines de désalinisation pour fournir l’eau douce dont nous manquons.
Soyons clairs : le changement climatique reste un défi existentiel. Ce qui est nouveau, c’est qu’en plissant un peu les yeux, il est désormais possible d’entrevoir une voie dans laquelle nous pourrions parvenir (de justesse) à éviter la catastrophe.
Les technologies de la santé ont elles aussi réalisé d’immenses avancées. Les scientifiques font des progrès considérables dans la mise au point de vaccins contre la malaria, ce qui témoigne de ce qui pourrait être un nouvel âge d’or pour le développement des vaccins. L’immunothérapie progresse contre le cancer (entre autres exploits, elle maintient en vie l’un de mes amis). Une nouvelle technique d’édition de gènes pourrait permettre de guérir la drépanocytose ; Bill Gates affirme dans sa lettre annuelle que la même approche pourrait éventuellement permettre de guérir le VIH/sida.
Nous n’avons même pas parlé des progrès de l’intelligence artificielle, y compris ChatGPT. (Non, ce n’est pas lui qui a écrit cet article).
Et bien sûr, la technologie ne fait pas des bonds uniquement dans les laboratoires de recherche, mais elle s’infiltre pour améliorer les vies individuelles. J’écris ces lignes dans la ferme familiale de l’Oregon, avec l’aide de notre nouveau service Internet Starlink qui commence à donner à l’Amérique rurale l’accès à l’information (et qui a changé la donne pour les Ukrainiens, qui doivent faire face aux envahisseurs russes).
Il est vrai que ce qui pourrait être la tendance la plus importante de mon vivant (les progrès historiques contre la pauvreté dans le monde) a marqué le pas à cause du Covid, du changement climatique et de l’impact de la guerre en Ukraine sur les prix alimentaires mondiaux. Mais elle ne s’est pas effondrée.
« Le creux de la pandémie n’a pas été si mauvais sur de nombreux plans », a déclaré Esther Duflo, professeure au MIT [française – NDLR chauvine] et plus jeune personne à avoir reçu un prix Nobel d’économie. « Le cataclysme a été bien moins important pour l’Afrique que pour nous ».
Par ailleurs, les chercheurs de la Banque mondiale estiment que le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté a en fait diminué d’un poil en 2022, même si le chiffre reste plus élevé qu’à la veille de la pandémie. Ce chiffre est à peu près le même qu’en 2018 – et bien meilleur qu’en 2017 et les années précédentes.
De façon remarquable, les estimations préliminaires suggèrent que la mortalité infantile mondiale a continué de baisser pendant la pandémie. Un enfant a maintenant environ deux fois moins de chances de mourir avant l’âge de cinq ans qu’en l’an 2000, et quatre fois moins qu’en 1970.
Je ne minimise pas la crise humanitaire mondiale, et nous devons faire mieux. Partout dans le monde, des enfants souffrent de malnutrition qui altère de façon permanente leurs facultés. Les jeunes filles se font marier sans leur consentement. Des garçons et des filles déplacés manquent l’école.
Mais David Beasley, directeur exécutif du Programme alimentaire mondial des Nations unies, note que, si le monde est confronté à une « tempête parfaite » de calamités, il a réagi par une aide massive et une pression internationale pour autoriser les exportations de céréales ukrainiennes par la mer Noire. Ces mesures ont permis d’éviter une véritable famine, du moins pour l’instant.
« Très franchement, a-t-il dit, cela aurait pu être bien pire ».
Vous avez peut-être fait la grimace lorsque j’ai écrit plus haut que « c’est peut-être encore le meilleur moment pour être en vie ». Cette idée est profondément contraire à la morosité ambiante. Mais préférerions-nous vivre à une autre époque où les enfants étaient plus susceptibles de mourir ?
Max Roser, de l’indispensable site web Our World in Data, résume parfaitement la situation : « Le monde est horrible. Le monde est bien meilleur qu’avant. Le monde peut être encore bien meilleur. Ces trois affirmations sont vraies en même temps. »
Toutes les mauvaises nouvelles sont donc réelles, et je les couvre les 364 autres jours de l’année. Mais il est également important de reconnaître les progrès dont nos cerveaux (et nous, les journalistes) sont souvent inconscients – ne serait-ce que pour rappeler que le progrès est possible lorsque nous y mettons du nôtre. Avançons !
* Traduction du titre original de l’article : « Réjouissez-vous ! Le monde est en meilleure voie que vous ne le ne pensez ! »
Il est certain que l’on peut toujours observer les choses de façon optimiste, et finalement se dire : « Cela pourrait être bien pire ! »
Merci pour ce billet rempli d’humour. Merci pour ce blog qui nous informe avec objectivité et courage. Un grand merci donc et… bonne année à « toutes zé tous » !
Des bonnes nouvelles !
Dommage que ce ne soit qu’une fois par an :-))
Ne soyons pas chien, d’autres bonnes nouvelles, vues de ce coté de l’Atlantique….
https://www.francetvinfo.fr/monde/voici-22-bonnes-nouvelles-qui-ont-marque-l-annee-2022-oui-il-y-en-a_5541843.html
Et puis aussi….
BONNE ANNEE à tous !
Oui, c’est bon pour le moral! C’est pourquoi je souhaite un réveil de tous ceux qui dorment encore devant leurs écrans!
Que 2023 vous apporte le meilleur d’autant plus si vous avez déjà vécu le pire.
🙂 C’est bon pour le moral!
Merci « d’élargir nos horizons au-delà de notre petit village ».
Bon bout d’an, bonne année et longue vie à cruis citoyen.