[info] Les nouveaux enjeux de l’eau
Nous en parlions il y a quelques jours : il y a du nouveau sur le front de la maîtrise de nos ressources en eau. Le gouvernement va faire aboutir l’évolution de la loi NOTRe que tous (ou presque) souhaitaient, rendant le transfert de compétences optionnel.
Le 14 octobre, comme le confirme notre maire dans l’article précité, a eu lieu un conseil des maires de notre Comcom à Forcalquier. Aucune communication n’a officiellement filtré sur les conclusions de cette réunion mais un commentaire agressif signé CCPFML (et dont on devine aisément l’auteur) sur la page Facebook de la mairie de Montlaux en divulgue (peut-être par mégarde) le résultat, en évoquant le conseil « qui a décidé que les communes conserveraient leur compétence ».
Nous faisons donc face à une situation nouvelle. L’épée de Damoclès qui semblait toute prête à tomber sur nos têtes s’éloigne finalement, et nous conservons pour l’instant la maîtrise de notre eau potable et de notre assainissement. Les citoyens qui avaient été sensibilisés à la question se réjouissent, ainsi que les maires qui prétendaient ne pouvoir faire autrement étant donné les impératifs de la loi – ce dont nous avons démontré l’ineptie, confirmée par la scission de trois communes (Limans, Montlaux et Revest-Saint-Martin) qui ont su rejoindre un syndicat autogéré afin d’échapper à la mainmise de Forcalquier, et ne le regrettent pas.
L’association des Usagers de l’eau Lure-Forcaquier, qui s’était constituée l’an dernier pour résister au nivellement néfaste imposé par la Comcom, avait recueilli 1 300 signatures réclamant l’ouverture du débat et avait réuni des centaines de personnes en réunions publiques à ce sujet, acte ce retournement de situation. Elle ne disparaît pas pour autant des écrans : les enjeux d’une gestion démocratique de l’eau, de sa répartition équitable et des problématiques environnementales sont toujours (et de plus en plus) réels et préoccupants. Maintenant que la menace d’une privatisation virtuelle et purement marchande de nos ressources a été évitée de justesse, la perspective d’une mutualisation intelligente des infrastructures locales peut être abordée sereinement. Il est évident que le partage des moyens communaux peut donner lieu à une gestion rationnelle et collective pour le bénéfice de tous – il faut seulement prendre le problème par le bon bout, ce qui n’était pas du tout le cas au niveau de la Comcom qui voulait juste se débarrasser de la question au profit de Forcalquier.
C’est dans cette idée que l’association appelle à une nouvelle réunion à Saint-Etienne-les-Orgues, le 25 octobre à 19h.
A cette occasion, l’association publie un éditorial sur Facebook que nous reproduisons ici avec sa permission.
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Lure-Forcalquier : ça bouge !
L’esprit des lois
Nous nous battons depuis plus d’un an contre l’ineptie de notre gouvernance intercommunale qui avait choisi 1) d’anticiper le transfert obligatoire de nos compétences eau et assainissement à la Comcom et 2) de nous livrer à la logique purement marchande d’un délégataire de service public, en l’occurrence la SEM (Société des eaux de Marseille).
Nous ne sommes pas les seuls. Ailleurs en France d’autres mouvements se sont levés pour résister à ce transfert, de concert avec les maires de France et même avec le Sénat. Au moment de la dissolution de l’Assemblée le renversement de cette obligation allait être voté… Dommage, mais voici que le nouveau gouvernement annonce l’annulation du dispositif, répondant ainsi à la pression générale.
Impact local
Notre communauté de commune n’était peut-être pas spécialement enchantée à la perspective de ce transfert mais elle a choisi de l’instrumentaliser. En votant l’anticipation et le choix d’une délégation de service public (DSP) pour tous au moment de renégocier la DSP de Forcalquier (ville dont le président de la Comcom est maire), un contrat plus intéressant a pu être obtenu.
Aujourd’hui, ce contrat est signé et les nouvelles du Palais Bourbon ne semblent pas avoir provoqué beaucoup d’émoi à l’hôtel de ville de Forcalquier. Il est désormais officiel (voir entre autres un commentaire signé CCPFML sur la page Facebook de la Mairie de Montlaux), suite au conseil des maires du 14 octobre que le transfert de compétences des communes de notre Comcom est abandonné
Des gagnants et des perdants
Dans ce projet il y aurait eu des gagnants : les communes les plus endettées, ou celles qui font face à de gros budgets de travaux, qui auraient été prises en charge par la Comcom. Ces gagnants sont donc les perdants du récent retour des choses : ces communes vont devoir se débrouiller toutes seules, sans l’aide financière des autres qui avaient géré sainement leur ressource (et qui eurent été perdantes) – avec néanmoins l’accès à de multiples guichets publics.
L’idée de partager la ressource n’est pourtant pas mauvaise, au demeurant. Elle est certainement compatible avec les valeurs de ceux qui portent notre mouvement. Il faut simplement aborder ce partage avec discernement.
Changement de cap
Pour notre association des Usagers de l’eau Lure-Forcalquier, qui s’est construite sur l’opposition au transfert anticipé et à la DSP, les événements récents imposent la redéfinition de son identité.
Nous nous battions contre le hold-up de notre eau. Nous nous battrons désormais pour la mutualisation éclairée de nos ressources et de nos besoins, dans le respect de la démocratie, des enjeux sociaux et de l’environnement.