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[reportage] Commission culture et patrimoine : compte rendu 

[reportage] Commission culture et patrimoine : compte rendu 

Par collaboration spéciale, notre correspondante Sylvie Bitterlin (avec le concours de Sylvie Poilane), de Montlaux, agitatrice culturelle multicarte (théâtre, danse, musique, clown…), nous rend compte des commissions thématiques intercommunales sur la culture et le patrimoine qui se sont tenues les 5 et 19 octobre, respectivement à Ongles, puis à Pierrerue.

Mme Bitterlin est aussi conseillère municipale à Montlaux.

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Commission du 5 octobre 2020

Participants

Etaient présents, en plus de moi :

  • 2 élus : Mme Patricia Paul, maire de St Etienne les Orgues et conseillère communautaire CCPFML sur la commission Culture, M. George, élu à Forcalquier et conseiller communautaire Culture ;
  • 6 ou 7 techniciens et chargés de mission de la Comcom ;
  • une quarantaine de participants (associations actrices du milieu culturel et une habitante intéressée par le sujet de la Culture).

En raison des conditions sanitaires liées au COVID et afin d’accueillir les participants, les portes sont restées ouvertes et certains sont restés dans l’entrée.

Ordre du jour

Mme la maire d’Ongles nous souhaite la bienvenue. Mme Paul rappelle le propos de la réunion :

  • changer la relation descendante Communauté de communes vers villages et habitants ; aller à l’écoute des besoins sur le terrain et y répondre, d’où cette idée de commissions ouvertes à tous ;
  • créer une équivalence du droit à la culture entre les 13 communes de la Comcom dont beaucoup sont des petits villages ;
  • concertation publique afin d’aider les élus à construire le futur projet de la Culture pour les 6 prochaines années, intégrant notamment le soutien financier, l’appui technique et le soutien logistique.

Marion Ferrero, chargée de mission CCPFML pour la culture, nous rappelle les axes de la Comcom en matière de culture :

  • soutien aux actions menées sur le territoire ;
  • soutien au K’fé Koi et à l’école de musique ;
  • soutien à la médiathèque de Forcalquier et sa bibliothèque ainsi qu’aux 6 autres bibliothèques réparties sur le territoire.

Cette liste met en évidence la concentration des moyens de la Comcom sur Forcalquier.

Mouvement de personnel

On annonce ensuite de la non-reconduction du poste numérique à la médiathèque de Forcalquier bien qu’il soit pris en charge à 80 % par l’état (DRAC). Cela provoque de vives réactions dans le public : comment les responsables de la CCPFML se placent-ils pour défendre ce poste jugé indispensable par les personnes présentes ? Il est répondu que cela est à l’étude mais qu’il y a peu de chance d’aboutir à la pérennisation de ce poste, sans autre justification.

Appel à idées et discussion

Patricia Paul pose la question : quels sont les besoins ? les idées ?

Les apports de l’assistance sont multiples et divers : on parle de définir ce qu’on entend par « culture » ; on évoque une meilleure communication pour sensibiliser les publics, une meilleure mobilité pour favoriser les déplacements ; on propose que l’Epace Culturel de la Bonne Fontaine soit intégré à la gestion de la Comcom…

J’interviens en disant que, au contraire, il serait important que les spectacles viennent plus à nous, petites communes. En effet, on s’aperçoit que beaucoup de spectacles sont proposés à Forcalquier ou Saint-Etienne-les-Orgues alors que chez nous, à Montlaux, nous avons beaucoup de peine à ce que les spectacles de la Comcom atterrissent chez nous. Il est très important pour l’accès à la culture pour tous et aussi pour la vie du village que les animations se fassent chez nous. Il serait donc normal qu’on nous propose des spectacles car nous avons plus de mal à remplir nos salles que les villes plus grandes.

Réponse : « On ne peut pas répondre à toutes les demandes, il faut répartir sur les 13 communes ». Et puis, Montlaux propose beaucoup de choses et il y a toujours du monde ! Le responsable de « La baleine qui dit Vague » confirme qu’ils sont venus l’an dernier à Montlaux et qu’ils ont eu 110 personnes !

Je réplique que, en effet, nous accueillons tous les spectacles et animations qui nous le demandent mais que nous n’avons pas d’autres moyens que la mise à disposition de la salle (qui nous revient très cher et qui n’est géré que par une équipe de bénévoles…) et que les artistes ne sont rémunérés qu’avec les entrées, ce qui fait peu.

Je parle ensuite de l’association Bienvenue à Montaux qui aurait bien besoin d’un complément pour aller au bout de ses projets. Réponse : “ Il ne peut y avoir double subvention. Si la mairie finance déjà, même minimalement, la Comcom ne peut compléter. » Pour ma part, je trouve ce système un peu pervers. En effet, cela inciterait à ne plus solliciter la mairie pour obtenir l’aide de la Comcom et préserver les moyens de Montlaux. C’est contraire au principe habituel d’abondement : les projets sont aidés au niveau territorial à condition qu’ils soient soutenus au niveau local.

Il est également ajouté qu’il n’y a pas d’aide pour les associations qui ne sont pas ouvertes sur les autres communes. C’est apparemment un problème de sens : cette ouverture doit se faire par le déplacement vers les communes, tandis qu’en accueillant les habitants des alentour à Montlaux, on ne serait pas ouvert. D’une manière ou d’une autre, comment cette réflexion est-elle compatible avec l’aide aux associations de Forcalquier, qui s’y cantonnent ?

Plusieurs personnes responsables d’associations interviennent pour présenter leurs activités et démontrer qu’ils agissent sur tout le territoire, touchant tous les publics mais que c’est un travail de petites fourmis.

Sophie Balasse, élue sortante de Forcalquier, représentant le département, résume que dans notre département, il y a un nombre impressionnant d’acteurs culturels, une grande richesse de propositions, une belle synergie entre tous, que le territoire est bien irrigué mais que tout cela est fragile.

Au vu de cette discussion, une personne pose la question de l’intérêt de ces commissions et leur impact sur le public. Elle déplore le manque de communication à ce sujet, et s’étonne de n’y trouver pratiquement que des professionnels.

Réponse de Mme Paul : « Ces commissions ont justement la vocation d’être un outil pour aller vers le public mais que, pour le moment, il faut créer l’habitude…» On lui réplique que c’est à la Comcom d’aller au-devant des associations et du public pour apprendre à connaître tous les acteurs et habitants de son territoire et les questionner sur leurs besoins.

La séance étant très avancée, Mme Paul propose de reporter à plus tard la question du patrimoine.

On nous rappelle qu’il y a une autre commission culture le 19 octobre mais que nous ne sommes pas invités à y assister car ce sera le même programme, ces commissions se déplaçant sur le territoire au-devant des habitants.

Commission du 19 octobre 2020

Etaient présents à Pierrerue :

  • 2 élus : Patricia Paul, maire de St Etienne les Orgues et conseillère communautaire CCPFML sur la commission Culture, une adjointe de la mairie de Pierrerue
  • Marion Ferrero, chargée de mission CCPFML pour la Culture
  • Salomé Delille, chargée de mission du patrimoine
  • Michel Dalmasso, vice-président délégué au développement durable, économique et numérique
  • Le directeur de l’école de musique
  • Une vingtaine de participants, les restrictions sanitaires ayant obligé de limiter le nombre de présents dans la salle à 25…

Mme Paul nous fait une présentation de la communauté de commune et de sa politique culturelle actuelle :

  • 10 000 habitants
  • 20 associations soutenues pour un budget de 60 000 euros
  • Grille de critère pour soutenir les associations : caractère innovant, communautaire, réparti sur plusieurs communes, hors périodes estivales.
  • Une commission d’un élu par commune se réunit 2 ou 3 fois par an pour étudier les dossiers proposés par les associations.

On s’interroge sur :

  • des subventions accordées à des associations hors territoire : seulement pour financer leur intervention locale) ;
  • les journées des Métiers d’art : cela dépend de l’Office du Tourisme ;
  • la suppression de poste à la médiathèque de Forcalquier, évoqué le 5 octobre : on cherche un remplaçant compétent, mais parmi les salariés de la Comcom ;
  • le devenir de la Médiathèque de Saint-Etienne-les-Orgues actuellement fermée : recrutement en cours pour remplacer l’équipe démissionnaire – sans explication de son geste ;
  • la reprise du bibliobus inactif par manque de personnel : travaux de reprise en cours ;
  • le développement des équipements de Forcalquier : la Bonne Fontaine et le Cinéma sont de la compétence de la mairie ;
  • les perspectives d’évolution du budget culturel de la Comcom : « Nous n’avons pas assez de recul pour le dire ».

Plusieurs demandent la structuration et la prolongation de cette concertation culturelle, pour assurer qu’elles aboutissent à des conclusions productives qui pourront être prises en compte. Réponse de Mme Paul : « Oui, il nous a été reproché de faire des commissions en vase clos entre nous. Nous souhaitons maintenant aller à la recherche de la population sur des réunions thématiques. C’est pour cela que nous sommes là ce soir ». Mais aucune proposition concrète n’est faite dans ce sens.

J’interviens :

J’étais là à la première réunion sur Ongles et je suis revenue ce soir car, entre temps, nous avons réfléchi avec Camille Feller, Maire de Montlaux, aux différentes idées que  nous pourrions mettre en place puisque c’est la demande qu’on nous fait ce soir.


Je constate une nette différence de contenu des interventions à Ongles et ce soir. Ici nous sommes tout proche de Forcalquier et, bien évidemment, nous parlons des évènements à Forcalquier. Beaucoup de choses se passent à Forcalquier mais nous, les villages plus éloignés, nous sommes un peu oubliés : nous n’avons pas ou peu de bibliothèques, les spectacles proposés par la Comcom sont rares, tout se fait sur la base du bénévolat, du système D. Les propositions culturelles et les subventions vont en général sur Forcalquier. Il reste peu pour les petites communes alors que, à elles toutes, elles représentent la moitié de la population de la Comcom. 


Les habitants de nos villages ne vont pas à Forcalquier pour emprunter des livres ni même pour aller au spectacle ou au cinéma, ils ne font pas 50 km aller-retour pour ça. Il faut que les propositions viennent à eux. Les demandes ne sont pas non plus les mêmes pour un village que pour une ville comme Forcalquier. Il faut interroger les maires, les habitants, les associations des villages : qu’est-ce qu’ils souhaitent ? Qu’est ce qu’il leur faut ? Ici on a beaucoup plus de mal à faire sortir les gens de chez eux qu’en ville car il y a peu d’habitude du spectacle.


Il faut aller chercher les gens en leur proposant des activités artistiques pour leur donner le goût. Il faut aller dans les écoles pour habituer les enfants, pour qu’ils fassent venir leurs parents quand il y aura un spectacle. Il faut aller au-devant du public en lui proposant des choses simples : des spectacles de rues pour les villages sans salle, jouer sur les marchés, mettre en valeur les « amateurs » existants. Il faut beaucoup de diversité dans les propositions pour intéresser tout le monde.


Il nous faut aussi de l’aide pour la communication : il y a très peu de panneaux d’affichage, HPI n’a plus d’agenda, le petit colporteur a changé de visuel et n’est plus aussi attractif. Il n’y a pas de plate-forme numérique où on peut s’inscrire et trouver les autres propositions des autres villages, résultat : on propose souvent des évènements en même temps d’un village à l’autre. Lorsque la Comcom propose un spectacle pour une commune, elle ne propose rien pour la communication, résultat : le spectacle n’est pas annoncé et rassemble peu de public… ce serait bien aussi que l’info soit relayé aussi sur les autres communautés de Commune, de Banon ou de la Durance…


Il serait bon pour l’aide aux associations de sortir du critère « action sur deux communes » pour avoir une subvention, mais plutôt aider l’association à rayonner sur les communes autour (ex : Bienvenue à Montlaux propose des spectacles à Montlaux mais son public vient de toutes les communes autour, or, elle ne reçoit pas de subvention parce qu’elle ne propose des évènements que sur Montlaux). Les associations sont de vraies forces sur le terrain, elles sont soutenues par des bénévoles mais pourraient aussi être aidées de temps en temps par un professionnel  pour sortir du « système D »…

M. Dalmasso : « Je suis très inquiet d’entendre que les petites communes se sentent ainsi exclues. Ce n’est pas normal. »

Marion Ferrero : « La commission Culture réunit un élu de chaque commune, il faut y venir ! Ces derniers temps avec le Covid, les élus se sont un peu démotivés…»

Mme Paul : « La maire de Montlaux, Camille Feller, fait partie de la commission culture… Elle peut s’y exprimer. Nous prévoirons des réunions avec les élus. Nous proposerons à des artistes de passer dans les écoles, de faire des rencontres théâtre, danse, livre… »

Plus personne ne souhaitant intervenir, Mme Paul propose de passer à la question du Patrimoine.

Salomé Delille : Pour valoriser le patrimoine, la Comcom gère une enveloppe de 150 000 euros octroyée par la région pour l’ensemble de nos communes, dans une logique de participation à hauteur 40% des budgets – autrement dit, cette aide est plafonnée à 375 000 euros de budget. Pour le moment, à part Montlaux pour la tour médiévale du vieux village et les décors peints de l’Eglise Saint-Jacques et Saint-Etienne-les-Orgues, il n’y a pas d’autres demandes. Le plafond n’est pas atteint mais le reste de l’enveloppe ne peut être attribué par manque de projets. Apparemment, ce dispositif ne court que jusqu’en 2022.

Cie 2B2 rappelle qu’en ce moment un appel à Projet Patrimoine de la DRAC est en cours, pour la restauration et la protection,  sur des projets qui sensibilisent des publics en lien avec le  patrimoine, hors temps scolaire et en lien avec les animations culturelles locales.  

La séance est close.

* * *

J’ai assisté à trois commissions, deux sur la culture et une sur l’aménagement du territoire. C’est très intéressant car il y a des informations qui sont données des deux côtés : de celui des élus et de celui des citoyens, associations ou professionnels. On apprend beaucoup de choses. Cela pourrait être un beau début de démocratie participative à condition qu’il y ait un suivi, que ces réunions se reproduisent, que des groupes de travail se créent… à condition aussi d’aller chercher les participants, qu’il y ait plus de simples citoyens, plus d’élus. J’attends de voir la suite : la bonne intention de venir vers nous va-t-elle se prolonger où est ce juste un moyen de nous endormir et nous dire : « Vous voyez, nous vous donnons la parole, nous vous écoutons ! », pour ensuite faire ce qui est prévu d’avance. En tous les cas, j’ai rencontré des personnes motivées, intéressées par la vie de leur territoire, prêtent à participer. Bravo à elles d’avoir été présentes.

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Publics à développer, besoins de communication, règles de financement improductives, opacité des arbitrages… le compte rendu de ces échanges semble redire les problèmes bien connus du soutien à l’activité culturelle en monde rural. « Il faut vous reprendre en main » mais, à chaque proposition, on répond que c’est compliqué. C’est comme si, plutôt que de demander les besoins, on attendait déjà les solutions. La discussion ne laisse entrevoir aucun véritable changement. La concertation c’est bien mais il faut d’abord avoir des objectifs pour ensuite les poursuivre.

Il nous reste à espérer que le sentiment d’une démarche velléitaire et sans projet concret qui se dégage de l’événement (d’autant plus qu’il semble y avoir eu des précédents) soit bientôt démenti par des décisions constructives suivies d’applications en rapport.

Notre correspondante n’a pas aperçu d’élu crussien lors de ces commissions « mais je peux me tromper », dit-elle.

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YVETTE MICHAU
YVETTE MICHAU
3 années passé(e)(s)

La seule personne de Cruis présente à Ongles était la présidente de l’association L’aven…