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[reportage] Boralex de mal en pis

[reportage] Boralex de mal en pis

On connaissait l’ampleur des dégâts, de la désinformation et de la malveillance découlant du chantier de centrale photovoltaïque de Cruis, à l’initiative et sous le contrôle de la multinationale Boralex. Les derniers événements nous prouvent à quel point nous étions loin du compte… Quand on voit l’actualité à la télé, même si on déplore on se dit qu’on n’a peut-être pas tous les éléments pour juger. Mais quand on est au cœur du conflit, aux premières loges comme à Cruis, on peine à croire à la fois l’indigence industrielle et le laxisme des pouvoirs publics.

Stupeur et perplexité

Commençons par le plus inoffensif, mais peut-être pas le moins étonnant. Le 30 novembre, France 3 insérait un sujet dans les infos régionales concernant les affrontements autour du projet. Il débute à la minute 02:34. Il est intéressant de s’attarder au discours de M. Paupe (directeur général de Boralex selon France 3, et selon Linkedin « Senior Vice President, Asset management, Procurement & Construction, Europe ») à la minute 04:05 : « il n’y avait pas de forêt à cet endroit avant l’incendie » (qu’est-ce donc qui a brûlé alors ?), « après l’incendie » (oui, s’il n’y en avait pas avant…), « en 2010 » mais nous sommes en 2023…

Est-ce une erreur ou un mensonge ? Il ne nous appartient pas d’en juger. On rappellera seulement qu’il a fallu 2 mois en septembre-octobre 2022 à tout un contingent de forestiers et d’engins pour éliminer cette forêt inexistante. On peut se demander s’ils étaient là pour taper le carton ou s’ils ont effectivement eu à faire. Pour mémoire, cette vidéo que nous utilisions récemment pour répondre au maire de Cruis, lui aussi négationniste quant à la préexistence de la forêt :

Vous voyez une forêt, vous ?

La DDT ne s’y est pas trompée, elle qui écrivait à l’époque de l’étude du projet (en 2016 déjà, remarquez, au moment ou les arbres commençaient seulement à pousser) :

La bonne vigueur des peuplements de cèdres de l’Atlas observés lors de la reconnaissance du terrain démontre l’intérêt sylvicole des secteurs examinés. […] Cette zone constitue une station très favorable à la production de bois d’œuvre.

Elle était jeune cette forêt, c’est vrai, raison pour laquelle elle apparaît peu sur les photos satellite (surtout celles de 2010 ou les arbres n’étaient que de petits plants). Mais en ce sens sa valeur écologique était beaucoup plus grande que, disons, le peuplement de pins noirs juste au-dessus, arrivé à maturité.

Après ce passage, France 3 cite la mairie disant que tous les recours ont été gagnés. Mais en fait, un seul recours administratif a été déposé qui est aujourd’hui toujours en appel. Par ailleurs 2 plaintes au pénal ont été déposées qui n’ont pas été jugées. L’affirmation de la mairie est donc purement et simplement fallacieuse. 

Opposants à la barre

Le procès des 2 opposantes que nous évoquions aussi avait été renvoyé du 14 novembre au 5 décembre. Après près de 6 heures d’audience, le réquisitoire à l’origine de 2 ans de prison a été ramené à 1200 € d’amende dont 1000 avec sursis – voir ce reportage. C’est un peu le dégonflage de la baudruche, une erreur stratégique importante des parties prenantes (préfecture et opérateur) si l’on mesure le gain de visibilité même national qu’ont pu engranger les opposants à cette occasion.

Rendez-vous le 25 janvier, donc, pour la décision finale en délibéré – Boralex avait apparemment demandé 30 000 € de dommages.

Sidération 

Au lendemain de cet épisode juridique, pas même 24 heures après la fin de l’audience, les opposants, fidèles au poste, ont eu une mauvaise surprise. L’équipe de sécurité de Boralex en place jusqu’ici sur le chantier, jugée trop gentille malgré une récente montée en violence, a été remplacée par des gros bras sans complexes, beaucoup plus violents, utilisant apparemment des objets destinés à infliger des blessures. France 3 s’en fait l’écho (qui décrit notamment une journaliste prise à partie et les blessures occasionnées), ainsi qu’Elzéard-Lure en résistance sur Facebook :

Sur le plan moral, c’est évidemment complètement répréhensible. Mais d’un point de vue stratégique, que peut-on penser d’un tel déversement d’huile sur le feu médiatique quand on prône l’apaisement ? Ce changement de posture risque fort de se retourner contre son instigateur…

Notons que ces violences évidemment illicites et légalement condamnables se font loin du regard des gendarmes qui, pourtant généralement présents ces derniers temps, et certainement informés, étaient opportunément absents à cette occasion.

Voisins ? Quels voisins ?

Enfin, les voisins du projet, forts des intentions de Boralex d’intégrer son projet à la communauté, ont tenté en vain de lui faire respecter son permis de construire, car les nuisances sonores dépassent dans une énorme mesure les niveaux promis dans la demande de permis (70 décibels à 300 m plutôt que 30 à 100 m). Tous s’en plaignent mais Boralex ne leur parle pas. Des mesures de bruit ont été annoncées par l’opérateur mais n’ont jamais été effectuées. Pendant ce temps, on joue la vierge effarouchée, la victime des opposants. C’est vraiment l’hôpital qui se moque de la charité.

La Préfecture, autorité ayant délivré le permis, a été sollicitée pour intercéder en faveur des riverains du projet : la Sous-Préfecture de Forcalquier a été interpellée en même temps que l’opérateur pendant 2 mois, sans répondre aux Crussiens qui lui demandaient protection. Il a fallu la joindre au téléphone pour s’entendre dire que « la Préfecture et la DDT ne disposent pas d’instruments de mesure du bruit et un prestataire coûterait de l’argent (sic) ». On a conseillé aux incommodés de déposer un recours juridique, confirmant l’absence d’intention de faire respecter le droit, et cela une fois que la phase très bruyante du chantier ait été achevée.

Consternant, oui, par manque de mot plus fort.

Et la mairie là-dedans ? Planquée dans son bunker communal, comme d’habitude, occupée à prétendre que tout va bien… Quel bruit ? Et même : quel voisinage ?

🙈🙉🙊

La suite ?

Comment le savoir ? Boralex, notre voisin, ne communique que pour se défendre, sans jamais s’adresser à la population – à moins que la mairie ne fasse de la rétention d’information…

Une clôture plus rigide mais pas vraiment dissuasive a été mise en place :

 

Et toujours pas de nouvelles de la tranchée d’au moins 15 km censée relier la centrale au poste source de Limans. Certains disent que le chantier va maintenant s’interrompre jusqu’au printemps. Que va-t-il se passer alors ? Faut-il encore prévoir un vacarme infernal ? Les loueurs de gîtes et de chambre d’hôtes peuvent-ils ouvrir les réservations sans crainte ?

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jean-maurice bonnefond
jean-maurice bonnefond
4 mois passé(e)(s)

Le Procureur de Digne exerce à mon endroit un minable chantage qualifié !

En se référant au code de la rouste – faut oser ! – Rémi Avon, Procureur, me menace, en cas de nouvelle “faute” dans les 2 ans, de 2 années de prison, 4500 € d’amende et 3 ans de suspension du permis de conduire pour entrave à la circulation, le 23 août 2023, sur une voie non homologuée où toute circulation est interdite par arrêté. Par un croquignolesque “Avertissement Pénal Probatoire”.

Or j’ai fait 3 Km A PIED pour me rendre sur ce site, respectueux de l’interdiction de circuler en véhicule. Ayant exprimé le souhait d’être emmené & auditionné en lieu et place de l’amie Sylvie, j’ai été exaucé. mise en garde à vue depuis, avec sa copine Claudine, et traduite depuis & après Gares à Vue, devant le tribunal de Digne – Résultat des courses pour les 2 vieilles amazones, le 25 janvier à Digne.

Pourquoi aucun PV d’audition ne m’a été remis par les pandores de la Brigade de gendarmerie de St Etienne-Les-Orgues, mon audition ayant duré environ 1 h30 avanies d’un relevé anthropométrique comprises ?

Mon pauvre Rémi, je n’ai jamais accepté un couteau dans le dos, même tenu par un procureur (Peut-être pour Madame ma Mère & sa soeur passées de la Justice de la France de Pétain à celle des locaux de la Gestapo de Chambéry pour ma Mère et de la Rue de la Pompe à Paris pour ma Tante). Je t’ai donc rédigé une lettre ouverte. Elle te fera part de mon courroux, coucou. Pour rire avec toi des intérêts qui te dépassent et dont tu n’es que le jouet de hochets en promotions.

Le Garde des sots, le Big Boss des Procs, depuis la CJERB (Cour de Justice des Elus en République Bananière) répond au “Responsable mais pas coupable” de Georgina Dufoix, d’un renversant “Coupable mais pas responsable“.

“Ferme ta gueule !” Ca c’est Gérard Larcher, l’Iznogoud de Macron, le Président du Sénat, tentant de remonter les bretelles de Méluche. Bon courage.

Macron en planteur d’un milliard d’arbres. Dans ce délire généralisé, le pompon revient au 1er de la classe qui veut ridiculiser l’Elzéard Bouffier le héros de “L’homme qui plantait des arbres”.

Avec ses potes d’affaires en énergies renouvelables subventionnées, Eiffage & Boralex, dans la vraie vie il arrache les arbres de Giono pour les remplacer par des mats porteurs de panneaux solaires chinois, fabriqués par des esclaves ouïghoures.

“J’Avon pas de chance, Rémi” devrait être le titre de ma lettre ouverte. Je n’hésite que sur la date d’envoi à la Presse régionale et nationale. Avant ou après Noël ? Si tu as une préférence, fais le moi savoir. Je suis bien connu de tes services.

Bises à tous, Jean-Mau

Bertrand Anne
Reply to  jean-maurice bonnefond
4 mois passé(e)(s)

EXCELLENTISSIME! J’adore votre franc-parler et votre humour décapant! Qu’en de si (jolis) termes les vérités sont dites!