[tribune] Voulons-nous conserver notre boulangerie ?
Ce texte nous parvient de Mme Bertrand, Crussienne, à propos de la recherche d’un repreneur par notre boulangerie.
Rappelons que la rubrique « Tribunes » de Cruis citoyen est ouverte à tous. En vertu de ce principe, les textes qui y sont publiés n’engagent a priori que leurs auteurs. La rédaction se range cependant à l’opinion qu’une solution doit être trouvée pour conserver ce commerce au village.
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Bonjour à tous-tes,
Après (très) peu d’années de mise en activité, le fonds de commerce de la boulangerie est à vendre ! Je suis arrivée à Cruis en novembre 2012, la boulangerie était encore dans ses anciens locaux. L’épicerie, alors sur la départementale, vendait du pain « en dépannage » les jours de fermeture de la boulangerie.
Ensuite a été réhabilité un bâtiment communal pour l’y installer. Des subventions ont été demandées et accordées (Communauté de communes (CCPFM), Conseil régional, département, Europe), une inauguration en grande pompe a eu lieu en présence des représentants de ces instances et du député-maire Christophe Castaner.
Combien d’argent public y a été injecté ? Aux dernières nouvelles un peu plus de 600 000 €.
Tout ça pour en arriver à ce que les boulangers soient pris à la gorge et doivent se résoudre à vendre leur fonds ! Mais ils ne s’avouent pas vaincus pour autant : ils viennent d’envoyer un courrier aux responsables élus (député, sénateur, département, région, Europe) afin d’alerter sur la situation. Deux d’entre eux ont déjà répondu (sénateur Roux et député Léo Walter) mais la réponse n’est pas satisfaisante.
Ce qui les a menés à cette prise de décision ? Augmentation du prix de l’énergie bien sûr mais pas que ! La clientèle n’est pas forcément assidue non plus ! L’année 2023 était l’année test pour eux : s’ils s’en sortaient bon an mal an, ils continueraient, autrement…
Le loyer dans l’ancien local était de 450 €. Ils avaient accepté une hausse de 100 €, soit 550 €, avant de signer le nouveau bail. Malheureusement, à la signature, le montant avait encore changé : ils payent désormais et depuis leur déménagement, 650 €.
A ce loyer vient s’ajouter le prix de l’électricité : passé du simple au double : environ 500 € à 1000 € mensuels. Et comme si ça ne suffisait pas, les coûts des matières premières sont également très significativement en hausse.
Si ce sont les coûts inhérents à ce commerce qui l’empêchent de fonctionner, on ne trouvera pas de repreneur – à moins de les compenser, par exemple, par une réduction de loyer, mais alors il ne serait peut-être plus nécessaire de vendre… Une refonte du fonctionnement énergétique serait peut-être aussi bienvenue.
Mais revenons au bâtiment boulangerie ! Pourquoi la mairie n’a-t-elle pas tout fait pour imposer une toiture solaire et lui assurer ainsi une relative indépendance énergétique ? Même si cette toiture n’avait pas couvert toute la demande en énergie, elle aurait permis une bonne économie. Les bâtiments de France ont-ils été consultés sur la faisabilité au vu de la proximité avec un bâtiment historique, l’Abbaye ? Si c’est le cas, a-t-on usé de tous les recours afin d’exercer une exception ?
Aujourd’hui, la loi du 10 mars 2023 sur l’accélération des énergies renouvelables dit : « La loi complète l’article L. 632-2 du Code du patrimoine pour prévoir que les architectes des bâtiments de France (ABF) devront intégrer “les objectifs nationaux de développement de l’exploitation des énergies renouvelables et de rénovation énergétique des bâtiments” aux critères qu’ils doivent prendre en compte dans la rédaction de leurs avis (art. 8). »
La commune pourrait-elle faire valoir cette nouvelle loi afin de demander une modification de toiture ? Pour quel montant ? Pour conserver notre commerce, ça vaut le coup de s’y pencher.
Ensuite, la population qui ne joue pas le jeu : qui fait des kms pour aller chercher son pain chez nos voisins de Saint-Etienne (boulanger ou U express) ou plus loin encore ! Je fais cet effort d’acheter mon pain sur place autant que possible et rarement ailleurs. Lors du confinement, nous étions TOUS bien contents d’avoir des commerces de proximité et nous disions : le monde d’après ne ressemblera pas au monde d’avant ! Eh bien ! Si ! Peut-être même en pire mais là n’est pas le sujet !
Le sujet d’aujourd’hui est de savoir ce qu’on fait pour aider nos boulangers à s’en sortir ? Voulons-nous conserver nos commerces ?
Personnellement, j’ai envoyé un mail à la mairie. Et si tous ceux qui refusent d’être privés de ce commerce en faisaient autant ? Courrier, mail, texto. Les boulangers ne lâchent rien malgré leur désarroi, soutenons-les en les imitant ! Que tout l’argent injecté par les uns et les autres (notre argent), ne l’ait pas été pour rien.
Un village sans commerces est un village mort !
Nous devons impérativement nous battre pour TOUS les conserver.
La mairie doit-elle faire un effort sur le loyer ?
J’espère que vous réagirez !
Stop à la désertification de nos territoires ruraux.
Anne Marie Bertrand
Note : la boulangerie a été victime d’une effraction dans la nuit du mercredi 6/12 au jeudi 7/12 : dégradations aux biens et vol de fonds de caisse.
Si je vous lis bien, on peut supposer qu’il n’y aura pas de repreneur car même un génie du commerce ne pourrait supporter de tels frais fixes, de plus le coût de l’électricité ne va pas baisser bien au contraire. De mauvaises décisions sur l’énergie ont été prises au moment de la réhabilitation du bâtiment, c’est à la Mairie de réparer ses bêtises. C’est possible, il n’est pas trop tard pour le faire. Espérons que Cruis ne se comporte pas comme un village de caractère pas malin, un village fané et non fleuri car il fait peine.
Un client a offert ses deux bons d’achat aux boulangers. Il faut savoir que dès lors que vous avez atteint les 70 ans, chaque année vous bénéficiez d’un bon d’achat de 35€ par personne. Un couple, 70€.
Et ceci que vous ayez les moyens ou pas de vous en passer. Ce client estime que les boulangers en danger sont plus à même d’en bénéficier.
Vous pouvez tous en faire autant (moi, je suis trop jeune 😆), un petit geste pour vous mais une main tendue pour eux.
Et si la municipalité les aidait réellement ? Je suis sûre que la grande majorité des « bénéficiaires » comprendraient la démarche.
A bon entendeur….
SOLIDARITÉ
La forêt de panneaux photovoltaïque ne pourrait-elle pas sauver ce commerce si vital ?!
En tous les cas, l’argent déjà généré pourrait les aider, en faisant une révision de toiture. Pour nous, ça semble évident, mais pour d’autres…
La sociologie (ce n’est pas un gros mot : il faut comprendre qui habite le village) explique largement comment survit Cruis. Les plus « favorisés » sont les héritiers/rentiers (6% d’imposition), les retraités (18%) puis les actionnaires (30%) et en fin les salariés (40% d’imposition aux quels il faut rajouter tous les impôts sur la bagnole, ce qui leur fait 60% d’imposition).
Bref, Cruis est un village peuplé essentiellement de vieux héritiers, dirigés par des anciens (moyenne d’âge 62 ans). Ils n’ont pas de petits-enfants dans le village, une courte espérance de vie. Ils ne sont préoccupés quasi que par leur santé et les programmes TV.
La seule vraie question ? Ces anciens ne sont pas en train de tuer leur village pour qu’il ne leur survive pas.
Y aura-t-il encore une mairie dans 10 ans, encore un commerce, encore plus de 2 paysans ? Autre chose, quand ils seront morts, qu’un cimetière et un dortoir ?
Courage, les jeunes et les enfants, ne lâchez rien !
Un papy de 72, ans qui a habité votre village quand la montagne y brûlait, et qui vit 200 € sous le seuil de pauvreté, à quelques Km. Jean-Mau
Et surtout il aurait fallu mettre un four à bois, et non électrique!
Posture visionnaire et éclairée comme cela a été fait chez Serge et Nathalie, Fleur de farine à SELO
Les choses élémentaires ne semblent pas couler de source ici.
A Saumane, une boulangerie communale, avec four à bois.
https://www.google.com/amp/s/www.laprovence.com/actu/locales-en-direct/6213965/alpes-de-haute-provence-ludovic-reprend-la-boulangerie-communale-a-saumane.html%3famp