[info] Comcom : la culture du flou (mise à jour 31 mars)
Les agissements de notre intercommunalité restent loin de nous, peu visibles et, pour ce qu’on en voit, peu compréhensibles.
Voici deux nouvelles à ce sujet – la première servant à éclairer ces enjeux, la seconde contribuant plutôt à les brouiller.
La Comcom en onde
Radio Zinzine, prêtant son antenne à ceux qui tentent de déconstruire l’opacité intercommunale, nous fait parvenir le communiqué suivant :
Comme après chaque Conseil Communautaire tenu par la Communauté de Communes Forcalquier-Montagne de Lure, vendredi prochain 26 mars à 19h sur les ondes de Radio Zinzine (100.7 Mhz) quelques conseillés communautaires vous feront un point d’information suite au dernier Conseil Communautaire du 04 mars, de la présentation du rapport d’audit du cabinet Duranton sur la situation financière de la CCFML, et du Conseil des Maires de jeudi 25 mars.
L’objectif de cette série est d’informer plus avant qu’un simple relevé des décisions prises, ce que font très bien les média locaux et le comité directeur de la CCFML, d’aborder les sujets qui peuvent faire débats, et ainsi de mieux faire comprendre les enjeux et le fonctionnement de la Communauté de Communes de Forcalquier-Montagne de Lure.
Si vous avez des questions à poser nous vous invitons à les faire parvenir avant l’émission à l’adresse mail comcomforca@radiozinzine.org, ou en direct au 04 92 73 10 56.
Après le passage de l’émission, les informations suivantes ont été diffusées :
Avec Camille Feller, maire de Montlaux, Nicolas Furet, maire de Limans, conseillés communautaires, et Arnaud Boutet ex maire de Limans, et ex président de la CCFML de 2017 à 2020, animée par Lourdés, quelques nouvelles et commentaires des actions et du fonctionnement de la Communauté de Communes Forcalquier-Montagne de Lure suite à son conseil communautaire du 04 mars, et du rapport d’audit financier présenté ce mois de mars.
Vous pouvez écouter en ligne l’archive de l’émission (picto orange, puis bouton play).
Les émissions de Zinzine peuvent être écoutées à la radio et aussi sur leur site en cliquant en haut sur le bouton play du transistor. Si cela ne fonctionne pas vous pouvez tenter en accédant directement au serveur.
Synthèses et commissions
Il y a 5 mois, notre intercommunalité nous a proposé une série de commissions thématiques ouvertes à tous. Récemment, les participants qui ont laissé leur mail lors de ces commissions ont reçu un document, dont vous pouvez prendre connaissance, résumant de façon très synthétique les échanges – entre citoyens, élus, techniciens…
A l’issue des trois rencontres dont nous (éditeurs et collaborateurs) avions été témoins, nous avons publié nos propres comptes rendus, dans la foulée des commissions (il y a donc plusieurs mois aussi). Il nous a semblé intéressant de comparer nos notes et celles que publie maintenant, officiellement, la Comcom. Nous proposons donc, pour les commissions sur le développement durable, sur la culture et le patrimoine, et sur l’aménagement du territoire, une synthèse de ces rapprochements.
Note : Une différence transversale entre les deux approches : la Comcom ne juge pas utile de décrire l’assistance, tandis que nous avons tenté de donner l’image du nombre de participants, de leur qualité et de leur commune.
Développement durable
Voici les différences notables entre la synthèse officielle et notre compte rendu :
- Gestion des déchets : la Comcom s’étend sur les stratégies de gestion des déchets sans aborder la source même de l’afflux de packaging, se refusant de tenter une pression quelconque sur la distribution. Le recyclage n’est pas non plus abordé.
- Eclairage public : on parle de généraliser les LED mais le rétablissement de l’éclairage nocturne à Forcalquier est passé sous silence.
- Traitement de l’eau : notre correspondant remarque que « le maire de Lurs s’est plaint des pics de pollution suite aux mauvaises pratiques agricoles sur les rives de la Durance. Mais au lieu de s’attaquer aux causes [agricoles] il prône la captation de l’eau du Verdon. ».
- Mobilité : la Comcom n’a pas jugé que le statut précaire de la gare de La Brillanne méritait qu’on s’y attarde. Pourtant si le transport ferroviaire ne fait pas partie des compétences intercommunales, des pressions sont toujours possibles.
Culture et patrimoine
Les deux instances de cette commission ont été suivies, à Ongles puis à Pierrerue. Le compte rendu de notre correspondante est très détaillé comparé au laconisme de la synthèse officielle.
Néanmoins, plusieurs actions ambitieuses ont été retenues par la Comcom, notamment :
- « Il est proposé d’organiser des ateliers thématiques avec les acteurs pour organiser une réflexion collective dynamique et faire émerger les axes structurants de la politique culturelle. »
- En réaction aux commentaires sur le statut privilégié de Forcalquier : « La communauté de communes devra veiller à un meilleur rayonnement des évènements dans les villages du territoire (sentiment de délaissement de certains villages). Il y a une réelle nécessité d’impliquer et d’associer les élus des plus petits villages pour organiser avec eux l’accueil de propositions artistiques sur leurs communes. Un travail est donc a réaliser sur les treize communes afin de veiller à une équivalence en termes d’animation culturelle. »
- « La communauté de communes doit améliorer la communication auprès des habitants sur les évènements culturels qu’elle soutient. » Et aussi : « Le travail de médiation culturelle, est un travail de fond qui doit être entrepris par un professionnel auprès des publics éloignés = la com com pourrait-elle financer un poste de médiateur culturel ? »
Ces orientations semblent bien répondre aux interventions de notre correspondante lors des commissions. Mais si l’on en juge par la proposition des ateliers thématiques, par exemple, 5 mois plus tard on ne voit toujours rien venir. L’optimisme n’est pas de mise.
Aménagement du territoire
La synthèse est ici beaucoup plus prudente : on se limite à lister ce qui a été entendu, sans envisager véritablement des actions en retour. Par ailleurs, plusieurs enjeux avaient été identifiés dans notre compte rendu qui n’ont pas été retenus dans le texte officiel :
- Le sujet du parc du Luberon, dont il est question d’agrandir les limites pour englober la « Réserve de biosphère Luberon-Lure » en incluant toutes les communes de l’adret de Lure, pourtant longuement débattu, n’apparaît pas dans le résumé de la Comcom.
- L’enjeu de la forêt, qui fait partie des compétences intercommunales, a été évoqué en détail par des participants, ancien élu de Saint-Etienne ou ancien employé de l’ONF, mais on n’en trouve pas trace dans la synthèse.
- La question d’une évolution de la Comcom vers un SCoT, en fusionnant par exemple avec l’interco Mane-Banon, a aussi fait l’objet de nombreux échanges qui ne sont pas représentés dans le résumé qu’on nous propose.
- Les questions d’assainissement de l’eau, au centre d’un imbroglio de chevauchement de compétences qui est censé se dénouer à l’horizon de 2026, ont aussi été débattues mais n’ont laissé au rédacteur de la Comcom que le souvenir du problème de l’approvisionnement.
- L’incursion des EnR industrielles (photovoltaïque et éolien), encore là, est à peine esquissée ici alors que le sujet a suscité des prises de parole importantes. Par ailleurs, il est faux de dire que les mairies représentées « souhaitent un cadrage par l’intercommunalité de ces projets pour s’assurer d’une préservation des paysages et écosystèmes » : elles voient là plutôt le risque d’une perte de souveraineté qui les empêcherait de refuser une installation malvenue. Aussi, une logique d’exploitation participative est développée sans laisser de trace dans les minutes de cette commission. Enfin, l’enjeu de l’agrivoltaïsme, qui inquiète beaucoup, a été soulevé mais n’a pas été jugé suffisamment pertinent pour être inclus dans la synthèse.
La rédaction de ce texte est ainsi faite qu’aucune action n’est véritablement envisagée. C’est une sorte d’état des lieux de nos problèmes d’aménagement – et encore, il n’est pas du tout fidèle : c’est à se demander si un filtre politique n’a pas été appliqué a posteriori pour édulcorer cette longue litanie de problèmes.
Quoi qu’il en soit, la nécessité de prolonger et pérenniser cette commission, identifiée par tous les participants non inféodés, a peu de chance d’être entendue puisqu’elle n’a même pas été transcrite.
Et maintenant ?
Ces commissions sont probablement censées être utiles à quelque chose, mais aucun objectif clair ne leur a été assigné : la finalité de la démarche est restée indéfinie. Cependant, on peut raisonnablement imaginer qu’une « commission publique » sert à la concertation. Comme la concertation préfigure l’action, il est permis de croire que ces commissions déboucheront en temps et lieu sur du concret – des projets, des directives, des aides…
Il serait tentant, à ce stade, de dénoncer cette campagne comme une opération purement démagogique (« parlez-nous, on vous écoute – puis on oublie ») et ce serait assez cohérent avec ce qu’on comprend de cette nouvelle présidence. Mais il est encore trop tôt pour le dire : au lieu de faire du mauvais esprit, attendons de voir ce qui en sortira – ou pas.
Et rappelons qu’aucun élu de Cruis n’a été vu à l’une de ces trois commissions. C’est peut-être qu’ils ont compris, eux, l’inutilité de la démarche. Cruis est aussi l’une des rares communes à n’avoir accueilli aucune commission.
Bonjour, merci pour ce très bon travail d’information sur la Comcom si nécessaire pour la qualité de notre démocratie locale qui en a bien besoin. Nicolas Furet.Maire de Limans
Bonjour,
Encore une fois, merci pour la précision de vos infos.
Selon moi, ce n’est pas faire mauvais esprit de penser que tout ceci est à 90% de la poudre aux yeux. Je vous trouve bien courageux, et vous en remercie, de vous y intéresser et porter à notre connaissance vos observations.
cordialement GGC